Les mythes et les idées fausses sur l'utilisation des banques alimentaires dans la province font obstacle à un changement significatif de la politique sociale.
L'utilisation des banques alimentaires en Ontario a franchi une étape sombre l'année dernière. Plus de 1 million de personnes dans la province ont dû se tourner vers une banque alimentaire pour s'en sortir. L'augmentation rapide des besoins en banques alimentaires a propulsé la question de l'insécurité alimentaire sous les feux de la rampe. Cette situation a donné lieu à de nombreuses conversations sur les sujets suivants qui utilise les banques alimentaires et pourquoi.
À Feed Ontario, nous avons constaté qu'il y a souvent des idées fausses sur ces sujets. De nombreuses personnes se demandent, à juste titre, pourquoi tant de gens, dans une province aussi riche que l'Ontario, n'arrivent pas à joindre les deux bouts. On pense souvent que les gens doivent se tourner vers les banques alimentaires pour obtenir de l'aide parce qu'ils ont pris de mauvaises décisions personnelles. En réalité, c'est une combinaison de facteurs systémiques complexes, de circonstances uniques et de mauvaises décisions de politique publique qui font qu'il est difficile pour les gens de se remettre sur pied après avoir traversé une mauvaise passe.
Mythe : Les choix individuels conduisent à l'utilisation des banques alimentaires.
Il existe de nombreuses idées fausses sur les circonstances et les choix individuels qui conduisent à l'utilisation des banques alimentaires. Par exemple, l'idée que les gens "abusent" du réseau des banques alimentaires en prenant plus que ce dont ils ont besoin. Une autre idée fausse répandue est que les personnes qui se tournent vers les banques alimentaires "ont simplement besoin de trouver un emploi". Mais ces mythes, ainsi que l'idée selon laquelle l'assistance sociale fournit un soutien adéquatLe fait de ne pas pouvoir aider les gens pendant les périodes financières difficiles peut conduire à un manque d'appétit pour le changement politique. Après tout, si les problèmes d'insécurité alimentaire sont le fait des individus, pourquoi les solutions politiques seraient-elles importantes ?
La réalité : L'augmentation de l'utilisation des banques alimentaires a été causée par des décennies de mauvaises politiques publiques et de désinvestissements dans notre filet de sécurité sociale.
La vérité que beaucoup ignorent, c'est que les facteurs à l'origine de l'augmentation de l'utilisation des banques alimentaires sont plus répandus que les choix individuels de n'importe quelle personne. L'augmentation du coût du logement signifie que près d'un quart des visiteurs de banques alimentaires ont des frais de logement qui dépassent leur revenu mensuel. 1 visiteur de banque alimentaire sur 4 a un emploi, ce qui montre que les salaires ne suivent pas le rythme des dépenses actuelles. Cela montre également que des emplois de qualité sont perdus dans la province. Et si quelqu'un éprouve des difficultés parce qu'il ne peut pas travailler ou parce qu'il est mis à pied, nos programmes d'aide sociale ne fournissent pas un revenu suffisant pour survivre. Les taux d'Ontario Works sont inférieurs de 66% au seuil de pauvreté, et le Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées est inférieur de 53%.
Ce que ces données peuvent nous apprendre, c'est qu'un dollar ne peut pas être dépensé à l'infini. Lorsque les revenus sont insuffisants et que les frais de logement absorbent la majeure partie des fonds mensuels d'une personne, les gens sont contraints de chercher d'autres solutions pour terminer le mois. De nombreuses personnes ne se tournent vers une banque alimentaire qu'en dernier recours. Ils demandent souvent l'aide de leur famille et de leurs amis, s'endettent ou retardent le paiement de leurs factures. Les banques alimentaires sont souvent la dernière ligne de défense avant l'itinérance. Une étude de l'Université McMaster a démontré que près de la moitié des personnes qui fréquentent les banques alimentaires seraient probablement sans abri sans le soutien d'une banque alimentaire.
Nous avons le pouvoir d'apporter de véritables solutions en matière de politique sociale.
Si les choses ne changent pas dans la province, le recours aux banques alimentaires continuera d'augmenter au cours de la prochaine année. Cependant, l'avenir n'est pas figé. Nous avons le pouvoir d'apporter des changements significatifs aux politiques de l'Ontario. Ces solutions peuvent commencer à améliorer la santé et le bien-être des habitants de la province dès aujourd'hui.
Un changement de politique dans des domaines tels que le logement, nos programmes d'aide sociale et l'emploi pourrait permettre de réparer notre filet de sécurité sociale effiloché et les possibilités offertes aux Ontariens aujourd'hui. Le gouvernement provincial pourrait mettre en œuvre des politiques telles que renforcer le contrôle des loyers et des vacances et en investissant dans des logements abordables et supervisés. Une autre solution consiste à augmenter les taux d'aide sociale et à réduire la récupération des revenus du travail. Parallèlement, le soutien à la création d'emplois de qualité rémunérés à un salaire décent pourrait également permettre de relever ces défis. Tous les niveaux de gouvernement ont la possibilité d'adopter des changements de politique qui réduiraient le besoin de banques alimentaires.
Que se passerait-il si tous les habitants de notre province comprenaient les facteurs qui ont conduit un si grand nombre de leurs voisins à devoir faire appel à une banque alimentaire pour s'en sortir ? Il peut être difficile de passer au crible les opinions et les faits divergents. Il peut également être difficile de se mettre à la place de quelqu'un d'autre si l'on n'a jamais connu l'insécurité alimentaire. Mais en dissipant les mythes sur l'utilisation des banques alimentaires, nous pouvons faire les premiers pas pour éliminer les obstacles au changement. La politique peut être le point de départ d'un progrès significatif vers l'action.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les personnes qui ont recours aux banques alimentaires et sur les raisons de ce recours, consultez notre récent débat d'experts. Une discussion autour du feu : Mythes et idées fausses sur l'utilisation des banques alimentaires en Ontario. Vous trouverez des informations encore plus détaillées dans le Rapport sur la faim 2024.