À bien des égards, les banques alimentaires sont comme les premiers intervenants en matière de soutien social : elles sont là pour aider en cas d'urgence, mais elles ne sont pas conçues ou destinées à être un remède aux besoins permanents.
C'est en aidant les gens à surmonter les conséquences d'une catastrophe inattendue que les banques alimentaires excellent. Les réponses communautaires peuvent aider à combler le fossé entre les besoins immédiats lors d'une urgence et la capacité d'un grand système à répondre rapidement.
Sans surprise, au cours de la première année de la pandémie, le nombre de visites de banques alimentaires en Ontario a augmenté de 12% par rapport à l'année précédente, comme le révèle notre dernier rapport sur les banques alimentaires. Rapport sur la faim.
Mais les urgences sont soudaines, inattendues, immédiates. Lorsqu'une "urgence" dure des semaines, des mois ou des années, elle devient une crise prévisible qui nécessite des solutions systémiques, et non une réponse caritative.
Des solutions systémiques, sous la forme de nouvelles aides gouvernementales, sont apparues au début de la pandémie et ont sauvé de nombreuses personnes d'une catastrophe financière. Malheureusement, de nombreuses aides ont pris fin l'année dernière ou n'étaient que des avantages ponctuels, malgré la persistance d'un taux de chômage élevé et l'augmentation du coût de la vie.
L'une des aides les plus importantes, la prestation d'intervention d'urgence du Canada (CERB), a pris fin en septembre 2020. De nombreux bénéficiaires sont alors passés à l'assurance-emploi (AE). Pour de nombreuses personnes, cela s'est traduit par une baisse de revenu de 1 4T2 000/mois à 1 4T1 600/mois, le minimum pour bénéficier de l'assurance-emploi renforcée en cas de pandémie.
Une différence de $400 est suffisante pour faire passer de nombreuses personnes de la situation où elles parviennent à peine à joindre les deux bouts à celle où elles doivent choisir entre payer le loyer ou l'épicerie. Sans surprise, la proportion de visiteurs de banques alimentaires qui comptaient sur l'assurance-emploi comme principale source de revenu a doublé par rapport à l'année dernière.
Mais certaines personnes sont passées complètement à travers les mailles du filet des réponses systémiques. Lorsque nous avons interrogé les visiteurs des banques alimentaires en septembre 2021, 55% des répondants ayant un handicap n'ont reçu " aucune prestation supplémentaire " pendant la pandémie. Si l'on ajoute à cela le gel des taux du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées et l'augmentation du coût de la vie, il n'est pas surprenant que 61% des répondants aient déclaré que leur situation financière s'était détériorée par rapport à celle d'avant la pandémie.
Cette précarité n'est pas seulement un effet secondaire du COVID-19. Les visites aux banques alimentaires ont augmenté en Ontario au cours des quatre dernières années. Si la pandémie a posé de nouveaux défis, elle a également aggravé les conditions existantes qui sont à l'origine de l'insécurité alimentaire, notamment le travail précaire, les taux d'aide sociale inadéquats et les loyers inabordables.
En réponse, les banques alimentaires ont continué à travailler dur pour aider à répondre à certains besoins immédiats. Plus de 90% des banques alimentaires membres de Feed Ontario offrent des services supplémentaires. Elles reconnaissent que les visiteurs ont souvent des besoins beaucoup plus complexes que la simple nourriture.
Mais si les banques alimentaires peuvent aider à la recherche d'un emploi, elles ne peuvent pas rendre les emplois disponibles plus sûrs et mieux rémunérés. Elles peuvent organiser des permanences fiscales pour aider les gens à accéder aux prestations, mais elles ne peuvent pas créer des prestations gouvernementales là où il n'y en a pas. Elles peuvent aider à meubler un appartement, mais ne peuvent pas rendre le loyer de cet appartement abordable.
Le gouvernement a toutefois le pouvoir d'influer sur la lutte contre la pauvreté. Il est d'ailleurs légalement tenu de le faire. Le Canada a signé des accords internationaux qui faire de l'alimentation un droit de l'homme. Cela signifie que le gouvernement doit respecter, protéger et réaliser le droit à l'alimentation, ce qui implique de faciliter l'accès aux revenus nécessaires pour acheter de la nourriture.
Tout au long de la pandémie, nous avons pu constater la rapidité avec laquelle les gouvernements peuvent résoudre les problèmes en cas d'urgence. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une crise. Malgré la réouverture progressive de l'économie au cours des derniers mois, l'utilisation des banques alimentaires continue d'augmenter. Les visites en septembre 2021 étaient 32% plus élevées que la moyenne 2017-2020.
Des mesures immédiates doivent être prises pour combler l'écart entre les revenus et le coût de la vie. Cela permettra de faire en sorte que moins de personnes aient besoin de recourir aux banques alimentaires. Alors que l'Ontario se dirige vers les prochaines élections de juin 2022, il est essentiel que tous les partis collaborent à l'élaboration de solutions solides en matière de sécurité du revenu et d'accessibilité financière. Ensemble, nous pouvons bâtir une province où personne ne souffre de la faim.
→ Lire le rapport sur la faim de Feed Ontario 2021
→ En savoir plus sur les recommandations politiques de Feed Ontario