Le rapport 2022 sur la faim publié par Feed Ontario révèle une montée en flèche de la fréquentation des banques alimentaires, avec une augmentation de 64 % du nombre de nouveaux visiteurs, et pointe du doigt le manque de possibilités d'emploi de qualité et les désinvestissements dans les programmes de soutien social essentiels comme étant les moteurs de cette croissance.
28 novembre 2022 (Toronto, ON) - Feed Ontario a publié aujourd'hui son Rapport sur la faim 2022, révélant que près de 600 000 personnes ont eu recours à un soutien alimentaire d'urgence l'année dernière, se rendant plus de 4,3 millions de fois dans les banques alimentaires. Il s'agit d'une augmentation de 15 pour cent et de 42 pour cent respectivement par rapport aux chiffres de 2019 avant la pandémie, et de la sixième année consécutive où l'utilisation des banques alimentaires a augmenté. Le rapport reconnaît l'impact de l'inflation élevée sur l'utilisation des banques alimentaires en Ontario, mais souligne que des décennies d'investissements insuffisants dans des emplois de qualité, le filet de sécurité sociale provincial et le logement abordable sont les principaux moteurs de cette croissance.
"En examinant les tendances de longue date en matière de sécurité du revenu, les données montrent qu'il est plus difficile pour une personne de briser le cycle de la pauvreté aujourd'hui qu'il y a trente ans ou plus", déclare Carolyn Stewart, directrice générale de Feed Ontario. "Le secteur de l'emploi et le filet de sécurité sociale de l'Ontario, autrefois solides, ont été affaiblis par des décennies de mesures d'économie qui ont placé les familles à faible revenu dans des situations de plus en plus précaires."
Le rapport 2022 sur la faim détaille des données qui montrent qu'un enfant né dans les années 1980 parmi les Canadiens les plus pauvres a 22 % plus de chances de rester dans la pauvreté à l'âge adulte qu'un enfant né dans les mêmes conditions dans les années 1960. Bien que plusieurs facteurs complexes contribuent à ce résultat, le rapport identifie une croissance constante des emplois précaires et mal rémunérés, des coupes dans les filets de sécurité sociale provinciaux et fédéraux et un désinvestissement dans les logements abordables qui ont placé des milliers de familles ontariennes dans une situation financière précaire, avant même l'arrivée de la pandémie de COVID-19.
"Les banques alimentaires sont conçues pour apporter une aide d'urgence", a déclaré M. Stewart. "Aujourd'hui, cependant, les demandes adressées aux banques alimentaires ne se limitent pas à l'aide d'urgence. Nous constatons que les banques alimentaires sont de plus en plus sollicitées pour combler les lacunes du filet de sécurité sociale et subventionner les changements de politique du gouvernement, les coupes budgétaires et les programmes d'aide sociale inadéquats.
Comme l'indique le rapport, malgré le faible taux de chômage de l'Ontario, les travailleurs ont toujours du mal à joindre les deux bouts, car le marché du travail est passé d'emplois bien rémunérés, stables et syndiqués à des emplois à temps partiel, temporaires et mal rémunérés. Alors que les emplois manufacturiers constituaient autrefois le fondement du marché du travail de l'Ontario, le travail itinérant est en hausse, près d'un travailleur sur dix occupant des emplois considérés comme des entrepreneurs indépendants et échappant à la protection de la loi sur les normes d'emploi. L'impact des emplois de faible qualité sur les Ontariens se reflète dans les données des banques alimentaires provinciales, qui montrent une augmentation de 47 % des personnes ayant un emploi qui accèdent aux banques alimentaires depuis 2018.
En plus de l'augmentation de l'emploi précaire, le rapport souligne que l'érosion des prestations essentielles de soutien aux travailleurs et un filet de sécurité sociale inadéquat sont des facteurs qui contribuent depuis longtemps à l'utilisation des banques alimentaires dans la province. Comme l'indique le rapport, l'assurance-emploi n'est pas facilement accessible à la plupart des chômeurs ontariens, puisque seulement 27 % d'entre eux reçoivent des prestations, et les taux d'aide sociale continuent de se situer bien en deçà du seuil de pauvreté, puisque deux personnes sur trois qui ont recours aux banques alimentaires sont des bénéficiaires de ce programme.
Pour faire face à l'escalade de l'utilisation des banques alimentaires, Feed Ontario demande à la province de prendre des mesures immédiates en accordant aux travailleurs itinérants les mêmes protections en matière d'emploi qu'aux autres secteurs, en augmentant les taux d'aide sociale pour qu'ils atteignent un niveau de vie de base, en rendant le logement abordable en investissant dans des initiatives de logements abordables nouveaux ou rénovés et en incluant les personnes ayant une expérience vécue dans la conception et l'élaboration des programmes et des politiques.
"Ce qui est le plus préoccupant en ce moment, ce sont les fissures de plus en plus profondes dans nos fondations économiques qui font qu'il est plus difficile que jamais pour les ménages aux revenus les plus faibles de faire face à une nouvelle tempête", déclare M. Stewart. "Les banques alimentaires ont été conçues pour répondre aux situations d'urgence. Sans mesures immédiates, les banques alimentaires pourraient être incapables de répondre à la demande dans la province si les pressions actuelles sur le système se poursuivent."
Rapport sur la faim 2022 : faits marquants et tendances
Données sur l'utilisation des banques alimentaires
- L'utilisation des banques alimentaires reste à un niveau historiquement élevé, cette année marquant la sixième année consécutive d'augmentation de l'utilisation des banques alimentaires.
- 587 103 adultes et enfants ont eu recours à une banque alimentaire en Ontario entre le 1er avril 2021 et le 31 mars 2022, soit une augmentation de 15% au cours des trois dernières années.
- Les banques alimentaires de l'Ontario ont été visitées plus de 4 353 000 fois au cours de l'année, soit une augmentation de 42% au cours des trois dernières années.
- Les personnes ayant un emploi qui accèdent aux banques alimentaires ont augmenté de 47% depuis 2018.
- Des données supplémentaires sur les banques alimentaires montrent qu'entre janvier 2022 et septembre 2022 :
- Le nombre de personnes ayant recours à une banque alimentaire a augmenté de 24% par rapport à l'année précédente.
- Le nombre de nouveaux visiteurs a augmenté de 64% par rapport aux niveaux d'avant la pandémie, 1 visiteur sur 3 étant une personne qui n'avait jamais demandé l'aide d'une banque alimentaire auparavant.
- Les banques alimentaires de l'Ontario ont été visitées en moyenne 403 000 fois par mois, soit une augmentation de 20% par rapport à l'année précédente et de 56% par rapport à la moyenne mensuelle précédant la pandémie.
Les facteurs de longue date de l'utilisation des banques alimentaires
- Outre les taux d'inflation sans précédent et l'augmentation du coût de la vie, plusieurs problèmes de longue date liés à l'insécurité des revenus et des politiques publiques médiocres ont contribué à l'augmentation de l'utilisation des banques alimentaires :
- Emploi précaire - Au cours des deux années précédant la pandémie, le nombre de personnes ayant un emploi et se tournant vers les banques alimentaires pour obtenir de l'aide a augmenté de 27%, et de 16% supplémentaires entre 2020 et 2022. En fait, 1 Ontarien sur 10 ayant un emploi est un travailleur occasionnel.
- Des aides au chômage inaccessibles - Les changements apportés à l'assurance-emploi au cours des 40 dernières années la rendent moins accessible, de sorte que seulement 27% des chômeurs ontariens pourront recevoir des prestations d'assurance-emploi en 2019.
- Des mesures de soutien inadéquates pour les personnes handicapées - 2 personnes sur 3 qui ont recours aux banques alimentaires sont des bénéficiaires de l'aide sociale, 32,5% citant le POSPH (Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées) et 26% citant OT (Ontario au travail) comme leur principale source de revenus.
Statistiques générales
- Interrogés sur la raison de leur visite à une banque alimentaire, 45,8% ont cité le coût de la nourriture, 13,2% le coût du logement, et 9,9% les bas salaires ou le nombre insuffisant d'heures de travail.
- Les banques alimentaires s'efforcent de répondre à la demande croissante, mais on craint que les besoins dans la province commencent à dépasser la capacité du réseau provincial de banques alimentaires. Un récent sondage auprès de 140 banques alimentaires a révélé que :
- 2 banques alimentaires sur 3 ont enregistré une baisse sensible des dons de denrées alimentaires
- 1 banque alimentaire sur 5 n'a pas été en mesure d'acheter le même volume de nourriture en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires
Pour télécharger une copie complète du Rapport sur la faim 2022, ou pour en savoir plus sur les banques alimentaires en Ontario, veuillez consulter le site : https://www.feedontario.ca/research/hunger-report-2022
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À propos de Feed Ontario :
Qu'il s'agisse d'assurer des sources d'aliments frais et sains ou de susciter des changements grâce à la recherche sur les politiques et à des programmes novateurs, Feed Ontario unit les banques alimentaires, les partenaires de l'industrie et les collectivités locales dans son travail visant à mettre fin à la pauvreté et à la faim. Joignez-vous à Feed Ontario et contribuez à bâtir une province plus saine. Chaque $1 recueilli fournit l'équivalent de trois repas à un Ontarien souffrant de la faim.
En 2022, Feed Ontario fêtera ses 30 ans d'existence. Bien que 30 ans soit une étape importante, les banques alimentaires ont commencé comme une mesure temporaire. C'est pourquoi le 30e anniversaire de Feed Ontario est une non-célébration. Tout au long de l'année de son anniversaire, Feed Ontario reconnaîtra les réalisations incroyables du réseau des banques alimentaires de l'Ontario tout en poursuivant son travail pour mettre fin à la faim et à la pauvreté. Pour en savoir plus : www.feedontario.ca
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